Krach du 19 octobre 1987 : le jour où Wall Street s'est effondré (2024)

C'est l'un des rituels favoris de Donald Trump. Le matin, le président américain aime se féliciter sur Twitter de la santé insolente de Wall Street depuis son élection. On ne résiste donc pas à l'idée d'imaginer commentl'ancien magnat de l'immobilier aurait réagi s'il avait occupé le bureau ovale le 19octobre 1987. Car ce jour-là, le monde de la finance connut une journée noire dont seul le mois d'octobre semble avoir le secret.

A l'époque, un vent d'optimisme souffle pourtant sur les Etats-Unis. Elu en 1980 avec le slogan «America is Back», le populaire Ronald Reagan achève son deuxième mandat. Grâce à sa révolution libérale, l'ancien acteur hollywoodien a restauré la confiance dans son pays. Il a également éloigné la menace de l'URSS en relançant une coûteuse course aux armements.

Confiance

Les chocs pétroliers des années 70 apparaissent comme de lointains souvenirs. A l'heure de CNN, des débuts de l'informatique et de la baisse des prix dans le transport aérien, l'économie américaine tourne à plein régime et, surtout, se financiarise avec les premiers «junk bonds» (obligations pourries) et autre «LBO», ou «leveraged buyouts» (rachats d'entreprise avec effet de levier).

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Le mot «mondialisation» n'est certes pas encore entré dans le vocabulaire commun. Mais c'est bien ce processus qui est à l'oeuvre. Résultat: Wall Street, gagné par une douce euphorie, bat record sur record.

Chute vertigineuse

Le retour de bâton sera extrêmement violent. En ce lundi d'automne, les traders de New York vont vivre un séisme boursier d'une ampleur inédite. En quelques heures, le Dow Jones perd plus de 500 points, soit une chute de 22,6% qui pulvérise le record du 29octobre 1929 (-12,6%), point de départ de la crise économique des années trente.

L'onde de choc se propage immédiatement sur les places de Paris (-9,7%), Londres (-26%) et Hong Kong (-46%). Seule Tokyo résiste un peu mieux (-2,5%).

co*cktail explosif

Dans les salles de marché, les traders sont sonnés. , se remémorait en 2012 Xavier de Villepion, vendeur d'actions chez Global Equities, «parce que cette chute des indices est intervenue en pleine période de prospérité de l'économie mondiale».

Le lendemain, «Les Echos» évoque dans sa manchette un «raz-de-marée qui n'a épargné aucun marché ni aucun pays: actions, obligations, marchés financiers à terme, devises, tout a été emporté dans la tourmente».

Le déclencheur de cette «journée d'hystérie collective», selon les témoignages de l'époque? La publication des chiffres du déficit commercial américain, qui n'en finit pas de se creuser.

Mais les fondements de la crise sont là depuis longtemps: le dollar est surévalué, les taux d'intérêt ont commencé à remonter et, surtout, une bulle spéculative s'est formée sur le marché des actions, après quatre à cinq années de hausse quasi ininterrompue.

Le «lundi noir» sanctionne les pratiques à risque des «golden-boys», célébrés par le cinéma américain, et rappelle à l'économie américaine qu'elle vit dangereusem*nt à crédit.

Les ordinateurs pointés du doigt

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Pour James Bateman, directeur de la gestion diversifiée chez Fidelity International cité par le Figaro , le krach de 1987 est aussi directement imputable aux systèmes de trading automatiques. Une première. «Ces opérateurs programmatiques avaient en effet choisi de vendre massivement des titres qui étaient en train de chuter, afin de limiter l'impact sur leurs propres portefeuilles […]. Ainsi, tout le monde s'est mis à vendre, et le krach n'en a été que plus violent», analyse-t-il.

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Heureusem*nt, ce «black monday» n'aura pas les effets effroyables de la crise de 1929 sur l'économie mondiale. «C'est que, entre les deux époques, il y avait vraiment eu du changement», insiste John Kenneth Galbraith dans sa «Brève histoire de l'euphorie financière»

«Le système de prestations sociales, les mécanismes de soutien aux revenus des agriculteurs dans ce qui n'était plus une économie à prédominance agricole, l'impact des syndicats sur les salaires, les dépôts de garantie pour les banques (ainsi que pour les caisses d'épargne) et l'engagement keynésien de l'Etat à soutenir résolument l'activité économique - toutes choses qui n'existaient pas après le krach de 1929 - avaient donné à l'économie une forte capacité de résistance», poursuit-il.

La Fed, la banque centrale américaine, joua notamment un rôle décisif. A peine nommé, Alan Greenspan intervint rapidement sur les marchés obligataires pour éteindre l'incendie. Ce faisant, il évita une récession grave et gagna une solide réputation. Au final, la croissance américaine fut peu affectée (3,5% en 1987, 4,2% en 1988) et, deux ans après le krach, le Dow Jones avait effacé ses pertes.

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Author: Laurine Ryan

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